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Aujourd’hui, la communauté musulmane célèbre la naissance de celui qu’elle considère comme le modèle de piété par excellence et que chaque musulman aime profondément : le Prophète Muhammad, que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui.

A cette occasion, je tiens à honorer sa mémoire en rappelant quelques-unes des sagesses qu’il a partagées avec ses contemporains et qui sont parvenues jusqu’à nous par un travail scientifique d’authentification et de préservation exceptionnel.

Lorsque l’on approche les textes avec l’intention de les comprendre dans leur profondeur, on ne peut que constater la grandeur d’âme de celui qui ne fut « envoyé que comme Miséricorde pour les mondes », conformément au verset coranique. Nous allons donc évoquer ici des exemples qui illustrent parfaitement cette miséricorde envers toute la création divine.

Le Prophète a toujours fait preuve d’une extrême compassion et d’un grand respect pour les êtres humains, quelle que soit leur conception du monde. Ainsi, alors qu’il se trouvait en un lieu où passait un convoi funéraire, il se leva, en signe de respect. Interloqués, des compagnons lui firent remarquer qu’il s’agissait d’un convoi funéraire d’un non musulman. Le Prophète répondit alors : « N'est-ce pas un être humain ? ».

Cette première anecdote permet de mettre en évidence l’universalité des prises de position du Prophète et la manière dont il éduque les compagnons à l’amour et au respect de l’être humain dans sa nature profonde car, quelles que soient nos convictions, nous sommes tous issus du même Créateur et méritons, à ce titre, un respect équivalent.

Si les Droits l’Homme érige la liberté comme valeur cardinale, l’Islam avait déjà inscrit la liberté convictionnelle en son livre sacré : « Nulle contrainte en religion », évoque le verset 256 de la deuxième sourate du Coran. La modernité de cette phrase est sans appel et illustre ce que l’on appelle aujourd’hui, la liberté de conscience. En effet, si l’Islam a pour objectif le bonheur sur terre et dans l’au-delà, il est impensable qu’une personne puisse sincèrement croire en Dieu (ou en tout autre chose d’ailleurs) si on la force à adopter cette posture.

Contrairement à ce que veulent nous faire croire les mouvements extrémistes – qui font malheureusement beaucoup parler d’eux aujourd’hui – l’Islam, dans sa profondeur spirituelle, ne peut se concevoir que comme adopté de manière réfléchie et totalement consentie.

D’ailleurs, le Coran interpelle directement le Messager de Dieu par la question suivante : « Si ton Seigneur l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (S.10, v.99). S’il n’est pas demandé au Prophète lui-même d’agir de la sorte, qu’en est-il des musulmans de manière générale ?

Une autre caractéristique de l’Islam réside dans la douceur avec laquelle il convient de s’adresser à chaque personne. A nouveau, la source principale de notre religion insiste sur l’importance d’agir en bonne intelligence avec les personnes qui nous entourent. L’épisode relatif à la révélation du verset suivant en est un très bel exemple « Pratique le pardon ; ordonne le bien ; écarte-toi des ignorants ». Toujours en quête d’une meilleure compréhension, le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) interrogea l’Ange Gabriel sur le sens à donner à ce verset. Ce dernier, après s’être informé auprès de Dieu, lui confia : « Ô Muhammad, Dieu t’ordonne de garder les liens avec celui qui rompt avec toi, de donner à celui qui te prive et de pardonner à celui qui te fait du tort ! ».

Ce passage illustre cette volonté du message coranique, mis en pratique de la meilleure manière qui soit par le Prophète Muhammad, de préserver l’harmonie et le vivre ensemble dans les sociétés humaines. A une époque où les liens tribaux, et donc du sang, sont les plus forts et sont prétexte à toutes sortes de violences, vengeances et conflits sans fins, le Prophète unit les gens de Médine, ville refuge des premiers musulmans subissant la volonté d’extermination des dignitaires de la Mecque.

Médine était une ville pluriconfessionnelle comprenant juifs, polythéistes et musulmans. Malgré les oppositions animant certains groupes, le Prophète, par la mise en place et la signature d’une série d’accords, réussit à y établir une société où le vivre-ensemble primait sur les divergences d’opinions et de conceptions du monde ; le but étant d’unir les différentes composantes autour du concept de citoyenneté. On y retrouve d’ailleurs des articles qui font étonnement écho aux Constitutions modernes, comme le principe de décentralisation : « chaque peuple est libre de garder ses propres lois à condition qu'elles soient respectueuses de l'esprit d'équité ». A nouveau, liberté et équité sont au centre de l’attention du Prophète.

L’instauration d’une profonde relation d’amour à laquelle aspire le croyant sincère entre lui-même et Son Créateur, relation essentielle pour faire naître, dans son cœur, les principes que nous venons d’illustrer, est sans aucun doute le devoir le plus impérieux de chaque musulman. Car les fondements d’un vivre-ensemble harmonieux commencent par nous-mêmes, comme Dieu nous invite à le faire dans cette parole adressée à nos cœurs : « Dieu ne change pas l'état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même. »

Les musulmans se doivent de semer les graines de la miséricorde, de l’amour et du pardon dans leur cœur, de les cultiver et d’en faire partager les fruits aux personnes avec lesquelles elles interagissent au quotidien. Le Prophète le rappelle à travers une parole qui contient à la fois un sens matériel mais aussi et surtout, un sens spirituel profond : « Chaque fois qu'un musulman plante un arbre ou sème une graine, il aura à son actif comme aumône tout ce qui aura été mangé du produit de cette plante par un oiseau, un homme ou un animal ». Lorsqu’une attitude, un geste, un mot apaise le cœur de quelqu’un, lui enlève une souffrance ou encore lui rend service, Dieu le récompense et la dialectique relationnelle qui s’installe dans le corps social procède à un cercle vertueux qui pacifie la société et harmonise les rapports entre les êtres humains.

Plantons, dès aujourd’hui, en mémoire du jour de la naissance de l’être qui nous est le plus cher, les semences du vivre ensemble pour que demain, ce ne soit plus un arbre, mais une forêt de bienveillance et de miséricorde qui nourrisse des liens fraternels entre toutes les composantes de notre société.

Que la paix et la bénédiction de Dieu soit sur notre bien-aimé Prophète, ses compagnons et sa famille bénie.

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