04 août 2018
En 2016, la Fête du sacrifice a fait l’objet de nombreux débats ayant abouti à l’interdiction, en Flandre et en Wallonie, de toute immolation sans étourdissement dans les abattoirs temporaires. Ce sera le cas, dès 2019, dans les abattoirs fixes également.
L’EMB rappelle en effet que les citoyens belges de confession musulmane accordent une grande importance au bien-être animal. Ce principe est inscrit dans l’essence même de la philosophie et des pratiques islamiques.
L’abattage rituel, exercé en Belgique depuis toujours, se voit donc remis en question par l’évolution des lois du pays. L’observance de ce rite dans et en-dehors du cadre de la Fête du sacrifice est dès lors devenu extrêmement compliqué, voire impossible, pour les fidèles musulmans depuis le 1er juin 2018 en Wallonie – une dérogation est cependant maintenue jusqu’au 1er septembre 2019 – et le deviendra, en Flandre, à partir du 1er janvier 2019.
Suite à cette interdiction, la communauté musulmane de Belgique a exprimé son mécontentement à de nombreuses reprises par différentes actions (boycott, pétitions, communiqués, …).
Plusieurs organisations musulmanes, emmenées par le Conseil de coordination des institutions islamiques de Belgique (CIB), ont entrepris une action en justice à l’encontre de la décision du Ministre flamand du Bien-être animal en février 2016. Pour rappel, le CIB est une plateforme citoyenne composée d’institutions, fédérations, organisations et coupoles de la communauté musulmane de Belgique : le Rassemblement des Musulmans de Belgique, la Diyanet de Belgique, la Fédération Islamique de Belgique, la Fédération des Mosquées Albanaises de Belgique et l’Association Islamique Africaine de Belgique.
Le CIB a estimé que la décision de ne plus autoriser l’abattage sans étourdissement était une violation de la liberté de culte. Le Tribunal de première instance de Bruxelles s’est prononcé le 25 juillet 2016 : il estime que cette interdiction enfreint la liberté de religion. Cependant, comme le Ministre se réfère à un règlement européen, le Tribunal a posé une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne.
Dans un communiqué publié le 29 mai 2018 suite à l’arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne diffusé le même jour sur la question des sites temporaires, le CIB explique notamment que « l’interdiction absolue de l’abattage sans étourdissement, adoptée en 2017 en Régions flamande et wallonne, est actuellement contestée devant la Cour Constitutionnelle» et d’ajouter que « (…) les sites d’abattages temporaires peuvent être transformés en abattoirs temporaires moyennant les investissements nécessaires pendant la fête du sacrifice. »
Ces aménagements s’avèrent nécessaires, d’autant que le 29 juin 2016, le Conseil d’État avait déjà affirmé que « les mesures proposées [par plusieurs députés du Parlement flamand dans deux propositions de décret allant dans le sens d’une interdiction totale de l’abattage sans étourdissement et déposées en 2014 et 2015] font en sorte qu'un certain nombre de croyants éprouveront des difficultés disproportionnées à se procurer de la viande qui soit conforme à leurs prescrits religieux ».
Organisation de la fête en 2018
Malgré les difficultés rencontrées, les musulmans bénéficieront, en Région flamande et wallonne, d’un certain nombre de lieux d’abattage, notamment grâce aux initiatives entreprises par le secteur privé (dont certaines soutenues par les communes et l’EMB). Les nombreux fidèles bruxellois sont invités à se rendre dans des abattoirs agréés situés en périphérie de la Région de Bruxelles-Capitale.
Toutes les informations pratiques relatives à l’organisation de la Fête dans les différentes régions du pays se trouvent dans le document qui accompagne cette note :
Cet aperçu met en lumière que le nombre de sites d’abattages a été réduit à un minimum et que la capacité d’abattage l’occasion de la fête du sacrifice est mise sous pression.
L’Exécutif des Musulmans de Belgique a multiplié les contacts avec les autorités et a été très clair sur sa position concernant l’abattage rituel. Il continuera à mener les discussions afin de défendre la communauté musulmane dans sa pratique cultuelle quotidienne, dans le respect de la loi et des convictions de chacun.
Pour toute information complémentaire, veuillez prendre contact avec le service « Affaires sociales » par mail ou par téléphone au .
Bruxelles, le 04 août 2018,
Pour le Bureau de l’EMB,
Mehmet Üstün
Président