07 octobre 2021
Communiqué de Presse - 7 octobre 2021
Les institutions islamiques de Belgique dénoncent une manipulation perpétuelle de l’opinion publique par des idéologies populistes et des discours politiques selon lesquels il y aurait dans le culte musulman une ingérence des pays étrangers. Depuis trop longtemps, les musulmans et leurs institutions sont victimes d’une campagne de dénigrement publique sous couvert d’une prétendue ingérence des pays étrangers. Faut-il rappeler que la Belgique reconnaît des cultes traditionnellement présents dans notre pays dont des pays étrangers sont directement impliqués dans l’organisation, le fonctionnement et la nomination des ministres du culte de ces derniers ? Si cette appréciation politique d’une prétendue ingérence des pays étrangers devait s’appliquer à l’ensemble des cultes reconnus en Belgique, le culte musulman serait objectivement en-dehors de la liste. D’autant plus que cette prétendue ingérence des pays étrangers se propage de plus en plus dans des discours politiques populistes et constitue un prétexte pour certains politiques qui alimentent un débat anti musulmans dans notre société et radicalisent la perception de l’opinion publique sur l’Islam et les musulmans de notre pays et qui, de surcroît, n’hésitent pas à agir pour s’ingérer dans les affaires du culte musulman avec la complicité d’opportunistes radicaux aux relations évidentes avec certains pays du Golfe qui n’ont par ailleurs aucune communauté présente en Belgique.
L’Islam est une religion universelle qui compte près de 2.000.000.000 de fidèles à travers le monde. Il est inconcevable qu’il n’y ait pas d’interaction entre cette communauté et ses institutions à travers le monde entier. De ce point de vue-là, et à l’instar des autres cultes reconnus en Belgique, le culte musulman est tout à fait dans le droit d’avoir le même type de relations avec des institutions islamiques d’ici et d’ailleurs. Dans un État de Droit où la constitution garantit la liberté de conscience et la liberté de religion, il est inadmissible que les musulmans et leurs institutions soient constamment incriminés, diabolisés et victimes de campagnes de dénigrement publiques sous couvert d’une appréciation politique d’une prétendue ingérence des pays étrangers alors qu’ils ne font qu’exercer leur liberté de culte. Nous devons rappeler à tous ceux qui l’oublient délibérément que la liberté de culte est une liberté fondamentale garantie par notre constitution qui implique d’accorder le droit à tous de vivre sa religiosité de manière individuelle ou avec d’autres. Il semble plus qu’évident qu’à l’égard d’autres cultes reconnus, le culte musulman subit depuis trop longtemps un traitement discriminatoire manifeste.
Les musulmans sont aussi de plus en plus sous la pression de lois liberticides. Il est tout à fait regrettable qu’à la lecture des travaux préparatoires, presque toutes les lois qui traitent d’une règlementation sur les cultes se focalisent sur le culte musulman. Cette situation est tellement évidente qu’il suffit d’observer la communication qui accompagne ces lois dans les médias. Des lois qui, en principe, devraient concerner tous les cultes sont traitées comme s’il s’agissait d’une exclusivité liée au culte musulman. L’expérience nous montre que certains représentants d’autres cultes en arrivent même à reprocher au culte musulman ces nouvelles règlementations affirmant qu’elles ont pour but de cibler le culte musulman mais que les autres cultes en deviennent les victimes.
Nous réaffirmons encore une fois avec force que nos organisations sont des institutions de Droit belge et ne subissent absolument aucune ingérence des pays étrangers. S’il y a bien une ingérence dans les affaires du culte musulman que nous pouvons clairement dénoncer c’est celle de certains politiques Belges. Sous forme d’injonction, ces politiques veulent dicter à l’EMB depuis des mois, la manière dont il devrait s’organiser, de qui il devrait être composé ou pas, comment et avec qui il devrait organiser son renouvellement ou pas et jusqu’à quand ce renouvellement devrait être réalisé. Cette ingérence évidente est inacceptable, anticonstitutionnelle et en violation flagrante avec les principes de séparation entre l’Eglise et l’Etat. Depuis la fin de son mandat, l’EMB est en affaires courantes et les instances de l’organe représentatif du culte musulman sont en phase de renouvellement par ses propres structures internes. Sous aucun prétexte et sous quelle forme que ce soit, personne ne peut dicter au culte musulman la manière dont il devrait s’organiser ni comment il devrait renouveler ses instances. Nos institutions sont pleinement respectueuses de notre constitution et de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Nous demandons donc que, selon les principes de séparation entre l’Eglise et l’Etat et de la liberté de religion, l’autonomie du culte musulman soit respectée à l’instar d’autres cultes reconnus dans notre pays. Nous appelons également tous les responsables et décideurs politiques de notre pays à veiller au respect de ces principes constitutionnels qu’ils ont juré d’observer.
Les musulmans et leurs institutions seront intransigeants quant au respect de leur autonomie et de leur liberté de religion garantie par notre constitution et la CEDH et se réservent le droit de les faire valoir si ces derniers sont menacés.
Pour le Bureau de l’Exécutif des Musulmans de Belgique,
Mehmet ÜSTÜN, Président
Pour le Conseil de Coordination des Institutions Islamiques de Belgique,
Coskun BEYAZGÜL, Porte-parole
Tahar CHAHBI, Porte-parole